Posturologie : remettez-vous d'aplomb !

 La posturologie étudie notre corps en position debout. Elle a donné naissance à une thérapeutique qui, sans antalgique ni anti-inflammatoire, est capable de nous libérer des douleurs rhumatismales, mais aussi de traiter les troubles de la croissance chez l'enfant et même de migraines récalcitrantes. Elle s'adresse donc à tous les patients de 5 à 85 ans, sans effet secondaire ni contre-indication.
Le principe de la posturologie consiste à reprogrammer une mauvaise position. Lorsque l'on est en déséquilibre postural, la bascule du corps entraîne des rotations anormales des articulations des épaules et du bassin. Pour compenser, les muscles avoisinants se contractent continuellement, d'où l'apparition de douleurs permanentes. L'origine du problème vient donc des muscles.
Pour retrouver l'alignement idéal, le médecin va donc agir aux deux extrémités des chaînes musculaires : la tête et les pieds. Il travaille alors sur l'œil, le pied, la bouche et la peau, récepteurs ou capteurs essentiels en relation directe avec l'équilibre, et qui, pour des raisons variables, sont déréglés. Objectif : ramener le centre de gravité à sa place en rétablissant des rapports articulaires normaux – ou, pour le moins, de meilleure qualité. Mais quels rôles ces capteurs jouent-ils sur la posture ?
● L'œil – Il ne s'agit pas de l'organe de vision mais des muscles (oculomoteurs) qui l'entourent : un fonctionnement asymétrique sera retransmis aux muscles du cou et des épaules qui entraîneront bascule et rotation. Car c'est l'œil qui détermine la position du pied (d'où l'adage « bon pied bon œil »).
Si les oculomoteurs ne sont pas en phase, un message erroné sera donc envoyé au pied, via la chaîne musculaire, et ce dernier se positionnera mal. Mais notre corps, lui, compensera en s'équilibrant dans ce déséquilibre… pour ne pas tomber ! D'où les douleurs musculaires.
Cela provoque des comportements anodins : on a l'œil qui picote ou qui larmoie ; on se prend les manches dans les poignées de portes, on se cogne dans les angles de table ; on a du mal à conduire la nuit, etc. Les oculomoteurs peuvent être rééduqués grâce à quelques séances d'orthoptie.
● Le pied – Tout repose sur lui puisqu'il représente le tampon terminal sur lequel s'appuie le corps dégingandé. Il s'adapte au désordre situé au-dessus de lui et cause du déséquilibre : un corps dont les oculomoteurs ne fonctionnent pas en phase, a tendance à tourner sur lui-même, et cette rotation se transcrit de la tête aux pieds.
Il sera corrigé grâce à une semelle qui normalise l'appui au sol. Utilisée comme une
réflexothérapie, elle possède une puce  proprioceptive au milieu de la voûte plantaire : au contact du propre champ magnétique de la personne, elle émet un rayonnement vers le haut tout en corrigeant les chaînes musculaires. Les semelles, fabriquées par le podologue, sont portées pendant une année, temps nécessaire au cerveau pour programmer et fixer le nouveau schéma corporel.
● La bouche – Située entre les chaînes musculaires antérieures et postérieures, elle joue un rôle primordial dans l'équilibre général.
- D'abord la dentition, qui doit être la plus complète possible : on remarque couramment que, chez des patients souffrant de sciatique par exemple, il manque des molaires.
- Ensuite, le bruxisme (serrement de dents) : la tension musculaire est constante, de la tête aux pieds. De plus, les dents s'enfoncent dans les alvéoles.
- Quant aux métaux en bouche, ils restent nuisibles parce générateurs de courants électriques : qui dit courant dit contraction, et contracture égale douleur ! Sans oublier la toxicité des amalgames au mercure, plus toxique que l'arsenic.
- La langue, enfin, qui normalise les fonctions musculaires au niveau de la tête et du cou. Si on assimile les maxillaires à une boîte et qu'on place la langue n'importe comment à l'intérieur, celle-ci fera bouger le couvercle... C'est un muscle puissant qui doit être rééduqué par des séances de kiné linguale.
● La peau – Les cicatrices (plans cutanés collés les uns aux autres) perturbent notre équilibre en modifiant les voies réflexes anormales et les méridiens d'acupuncture. Il s'agit donc de tenter, par des infiltrations de procaïne, de faire céder ces fibres de collagène reconstituées de façon anormale : les plans cutanés se dissocient alors, lèvent l'effet de tiraillement et la peau reprend son aspect antérieur.
Le traitement exige de la patience. La première consultation, très codifiée, dure deux heures pendant lesquelles le praticien établit un diagnostique, dresse le schéma corporel idéal vers lequel tendre. La première année, le patient consulte tous les trois mois pour contrôler la progression et l'état des semelles d'une part, et pour le traitement des cicatrices et la levée des blocages d'autre part.
Technique globale, la posturologie est pluridisciplinaire : si le médecin reste le chef d'orchestre, il s'entoure de l'orthoptiste, de la kiné linguale, du podologue, de l'oclusodontiste. Pour travailler de concert.
Francine Gaspari
(avec le concours du Dr Donald Archer)
Marie Claire, mars 2001
Pour en savoir plus 


Sofpel (Société francophone posture, équilibre et locomotion) – Depuis 2001, la posturologie est enseignée à l'université sous la forme d'un diplôme interuniversitaire de posturologie clinique. Les cours sont dispensés à Aix-Marseille-I, Paris-VI, Grenoble-I et Toulouse-III.

● CIES (Collège international d'étude de la statique – Centre de formation du Dr Bricot) – Le docteur Bernard Bricot, chirurgien orthopédiste, a été le premier à avoir mis au point la technique de reprogrammation posturale globale.
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